Séminaire du CET

Séminaire du CET : conférence de Franziska Humphreys (22/04/2024)

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« Penser la traduction »

Visioconférence de Franziska Humphreys

Lundi 22 avril à 18h, sur Zoom

Dans ma présentation, je souhaite aborder les aspects essentiels qui ont guidés les réflexions menant à la constitution du recueil « Penser la traduction » (Editions de la Maison des Sciences de l’Homme 2021) et l’ouvrage qui le suit et le complète « Übersetzungen im Archiv. Potenziale und Perspektiven » (Wallstein, à paraître en printemps 2024). L'objectif de « Penser la traduction » a été de conceptualiser la valeur épistémologique de la traduction et de ses effets sur la vie des idées et la stabilité des concepts. Bien que la traduction joue un rôle déterminant dans l’internationalisation des savoirs et la migration des concepts, la traduction et le traducteur comme médiateur n’occupent qu’une place marginale dans l’histoire des sciences humaines. En plaçant la traduction au cœur du dispositif transférentiel de l’émergence et de la circulation du savoir, il s’agit d’explorer le potentiel herméneutique et poétique des processus à l’œuvre dans l'atelier du traducteur. Ainsi, l’ouvrage se propose d’élaborer une pensée de la traduction et de ses pratiques multiples dans une perspective historique, philologiques et culturelle. Aussi, l’activité traduisante ouvre à l’expérience de la différence des langues qui permet de se maintenir dans un entre-deux linguistique, conceptuel et poétique. Bien que dépendant et tributaire du texte source, la traduction façonne le langage et le discours en littérature et sciences humaines. Elle constitue ainsi un acte d’écriture propre qui intervient dans le texte en l’interprétant et en le réinventant ouvrant la voie vers une poétique de la traduction.

 

Note biographique

Franziska Humphreys est la directrice de la Fondation de l’Allemagne - Maison Heinrich Heine, située à la Cité Internationale Universitaire de Paris. Elle a fait des études de Littérature générale et comparée, de Lettres modernes et d'histoire de l'art à Tübingen, Munich et Paris, puis a obtenu un doctorat en cotuelle de thèse entre l'Université Paris 7 et la Ludwig-Maximilians-Universität, Munich. Ainsi, à la suite de sa thèse intitulée Visages du langage. Michel Foucault face à la littérature (1961-1969), elle a d'abord dirigé le bureau parisien des éditions diaphanes, puis occupé un poste de lectrice spécialisée [Fachlektorin] du DAAD à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et à la Fondation de la Maison des Sciences de l'Homme (FMSH) à Paris. En outre de ses activités d'enseignement et de recherche en Littérature générale et comparée à l’EHESS, elle a alors dirigé le programme de traduction franco-allemand Bibliothèque allemande aux éditions de la FMSH. En 2014, elle a conçu le projet Penser en langues - In Sprachen denken avec le soutien de la Fondation Robert Bosch. Chargée de mission pour le programme Europanetzwerk Deutsch du Goethe-Institut de Bruxelles entre 2020 et 2023, elle a œuvré pour la promotion de l'allemand comme langue de travail dans les institutions européennes et pour l’entente culturelle dans une Europe multilingue. Franziska Humphreys est également traductrice du français vers l’allemand dans le domaine des sciences humaines et auteure de publications à la croisée de la littérature, de l'esthétique et de la théorie des médias.

 

Séminaire du CET : conférence d'Edgar Weiser (11/03/2024)

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L’interprétation (de conférence) – cet autre métier de la traduction

Visioconférence d'Edgar Weiser

Lundi 11 mars à 18h, sur Zoom

Je vous propose d’explorer ensemble les coulisses du métier d’interprète. Nous essaierons notamment de mettre en évidence les similitudes et les différences entre la traduction et l’interprétation. Après un rappel des différents modes d’interprétation (consécutive, simultanée, chuchotage…) et de leurs spécificités, nous approfondirons quelques aspects particuliers de cette activité :

  • La « déverbalisation » - concept central de la théorie interprétative de la traduction ou T.I.T.
  • la « directionnalité » : si les traducteurs et traductrices travaillent presque exclusivement de la langue étrangère vers la langue maternelle, les interprètes sont conduits assez souvent à travailler vers leur langue B, ce qui soulève des questions à la fois d’ordre pratique et théorique.
  • Les spécificités de l’interprétation diplomatique : le rôle et la place de l’interprète qui travaille au service de responsables politiques au niveau le plus élevé. Le secret professionnel.
  • L’interprétation à la télévision : les contraintes formelles liées à cette pratique.
  • L’intelligence artificielle : chance, menace ou chimère ?

Ma perspective est avant tout celle d’un praticien. Je n’ai jamais effectué un travail de recherche, mais on n’imagine pas une pratique qui ne s’appuierait pas sur des fondements théoriques qui la valident. De même qu’un pilote a besoin de connaître et de respecter les lois physiques du vol, un interprète ne peut totalement s’abstraire des bases théoriques sur lesquelles repose l’opération traduisante.

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Interprète de conférence depuis plus de 45 ans, Edgar Weiser a commencé sa carrière à Bruxelles dans les institutions européennes avant de devenir free-lance à Paris.  Il a notamment travaillé pour les « grands » de ce monde : 5 Présidents de la République de François Mitterrand à Emmanuel Macron, 2 Chanceliers – Helmut Kohl et Gerhard Schröder – et une Chancelière – Angela Merkel – lors des grands sommets internationaux. Il a également prêté sa voix à la télévision aux plus grandes stars du cinéma (Woody Allen, Harrison Ford…), à des géants de la littérature (Norman Mailer, Günter Grass …) ainsi qu’à toute une kyrielle de personnalités venues des horizons les plus divers (sportifs, philosophes, artistes de variétés…). Il a régulièrement collaboré avec la chaîne ARTE depuis sa création il y a plus de 30 ans.

Edgar Weiser a enseigné l’interprétation à l’ÉSIT (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle) durant 38 ans.

En 2023, Edgar Weiser publie un petit recueil de souvenirs – en aucun cas des mémoires – intitulé « Secret professionnel : dans les coulisses du métier d’interprète » (disponible sur Amazon en version brochée ou électronique :https://www.amazon.fr/dp/B0CF48R657) où il nous fait découvrir les grandeurs et servitudes de ce métier aussi fascinant que méconnu. Sans jamais trahir le secret professionnel, pierre angulaire de la déontologie des interprètes, il nous fait toucher du doigt, le quotidien d’un interprète de conférence qui s’investit avec le même engagement au service du comité d’entreprise européen d’un grand groupe industriel qu’à celui des deux Chefs d’État français et allemand venus se recueillir à Oradour-sur-Glane.

Les progrès de l’intelligence artificielle ou une généralisation de la connaissance de l’anglais dans le monde pourraient-ils rendre obsolète le métier d’interprète ? L’auteur se pose naturellement ces questions et nous livre sa vision de l’avenir de sa profession.

Séminaire du CET : conférence de Nathalie Vincent-Arnaud (12/02/2024)

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Traduire Saussure (John E. Joseph, Oxford University Press, 2012) entre concepts, styles et histoire(s) 

Nathalie Vincent-Arnaud

12 février 2024, 18h-20h

 

 

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L'ouvrage de quelque 800 pages que John E. Joseph a consacré à Ferdinand de Saussure représente une somme inégalée dans le domaine des études saussuriennes. L'auteur y dévoile l'itinéraire tout à la fois intellectuel, familial et personnel de celui qui aura marqué d'un sceau indélébile l'histoire de la linguistique moderne mais aussi des sciences humaines et sociales dont il a permis l'essor. Ce volume abondamment documenté – à partir notamment de documents manuscrits de Saussure et d'autres membres de sa famille – est également l'occasion pour John E. Joseph de mettre en lumière une généalogie extrêmement riche, complexe et diversifiée au sein de laquelle se croisent, sur plusieurs siècles, artistes, scientifiques, explorateurs. L'exposé de la théorie saussurienne et de ce qui est venu la nourrir alterne avec des chapitres où se déploient très largement le propos de l'historien ainsi que l'art du biographe et du conteur. Je me propose de revenir sur mon parcours de traduction de ce volume en mettant au jour certains enjeux et défis qui rencontrent de nombreux aspects de la réflexion traductologique contemporaine en général et dans son rapport avec les sciences humaines.

 

Nathalie Vincent-Arnaud est professeur en études du monde anglophone à l’Université Toulouse-Jean Jaurès où ses domaines de spécialité sont la stylistique, la traduction, ainsi que les relations entre musique, danse et littérature. Elle est membre du CAS (Centre for Anglophone Studies) dont elle co-dirige un des axes. Elle a écrit une soixantaine d’articles et chapitres d’ouvrages dans ses domaines de recherche, dirigé ou co-dirigé une vingtaine d’ouvrages et de numéros de revue, et est co-autrice de deux ouvrages pédagogiques sur la stylistique et la traduction. Elle dirige la collection Amphi 7 aux Presses Universitaires du Midi ainsi que le programme de recherche interdisciplinaire « Musique et littérature : dialogues intersémiotiques". Parmi ses traductions figurent de nombreux poèmes (de James A. Emanuel, Lotte Kramer, etc.) ainsi que plusieurs essais sur le style et le langage (notamment de Leo Spitzer), parus dans des ouvrages et des revues universitaires. Elle a également traduit les 3 ouvrages suivants : Kennaway, James, Mauvaises vibrations, ou la musique comme source de maladie : histoire d’une idée, Limoges, Lambert-Lucas, 2016, 240 pages ; Joseph, John E., Saussure, Limoges, Lambert-Lucas, 2021, 808 pages ; Poèmes choisis de Lotte Kramer, à paraître en 2024 chez Interstices éditions. Elle prépare une traduction de la pièce Kindertransport de Diane Samuels, à paraître aux Presses Universitaires du Mirail (collection Nouvelles Scènes). 

Séminaire du CET : conférence de Justin Smith (15/01/2024)

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Traduire les langues autochtones en Asie du Nord au XVIIIe siècle

Justin Smith

 

15 janvier 2024, 18h-20h

 

 

Salle 255, Bâtiment Olympe de Gouges

8 Place Paul Ricoeur, Paris 13e

 

De quelle époque date la pratique consistant à envoyer des listes de mots standardisées avec les voyageurs pour leur aider à compiler les vocabulaires de base des peuples indigènes qu’ils rencontraient lors de leurs voyages ? Une histoire complète de cette pratique inclurait un chapitre sur les contributions importantes du philosophe, linguiste et polymathe allemand Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716). Dans le livre que j’écris actuellement, Leibniz, Russia, and the Making of a Scientific Empire (Princeton University Press, 2025), j’étudie l'influence que le philosophe exerçait sur l’expédition scientifique menée par l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg à travers le nord de l'Asie dans les années 1730, qui avait pour but de décrire de manière exhaustive la diversité géographique, botanique et linguistique de l'Empire russe. Dans cette présentation, je me concentrerai sur l’importance de l'Expédition du Kamtchatka pour le développement de la linguistique comparative, en me concentrant surtout sur la “Tabula Polyglotta Harmoniae Linguarum” de Philip Johan von Strahlenberg de 1730, qui, en citant Leibniz comme son influence primaire, compare de manière schématique les vocabulaires de base de plusieurs langues d’Asie du Nord.

 

Justin E. H. Smith est professeur en philosophie des sciences, IHSS, Université Paris Cité. Il est auteur de nombreux ouvrages, dont les plus récents sont :

Against the Algorithm: Human Freedom in a Data-Driven Age, Princeton University Press, forthcoming, 2021.

Irrationality: A History of the Dark Side of Reason, Princeton University Press, 2019.

The Philosopher: A History in Six Types, Princeton University Press, 2016.